Anachronismes
Il la poursuit de questions. Plus elle y répond, plus elle s’échappe. Plus elle s’échappe, plus il s’accroche. Plus il s’accroche, plus elle fuit. Et c’est le vide qui s’installe.
Peut on penser aujourd’hui encore que le grand amour existe ? Faut il l’attendre ? Se réserver ? Croire au destin ? Comment résister aux compromissions morales, intellectuelles et professionnelles, qui à chaque instant de notre existence nous guettent et menacent de nous faire plonger dans le mensonge ?
Illusions perdues dans le puits sans fond des désirs profonds, désir secret de l’amour à jamais. Pourquoi se perdre ? Sans cesse se tromper ? Sinon pour se retrouver. Innocence des sentiments. Prescience du chaos. L’enfer c’est les autres.
Les enfants, enfance, goût d’ailleurs, des yeux mangent des visages, sans pollution, celle de ceux qui savent, de ceux qui veulent, un cœur neuf. L’enfance volée, arrachée avec en prime l’impression d’une absence. Mort/suicide de l’âme.
Il ne garde prés de lui que quelques images figées, mortes comme ses propres rêves. Des affiches de cinéma. Le poids des silences.
Aujourd’hui, j’ai vu la fin du monde. Le désert de vie habituel. Et si peu de sens. Je me suis assise sur le bord de la route. Je les ai regardé passer. Passe l’étranger. Fantôme d’être. Nous sommes envahit. Tous des aliens gestapistes. Cernée. Piégée. Mes yeux révulsés. Je les sent aller et venir en toute impunité. C’est un complot je le sait. Pas d’issue, aucune porte de sortie. Vite. Courir vite. S’enfermer chez moi. En moi. La porte claque. Mais je les entends encore. Dehors.
On laisse une trace non par ce qu’on fait mais parce qu’on est dévoilé dans ce qu’on fait.
Une main sur le cœur, sur le cœur. Désir lancinant de possession. Désir mortel d’absolution. Si la kippa pouvait pardonner. Même la shoa serait figée. Dans les limbes éternelles de l’oubli. Et le désir charnel aux prises avec le réel disparaît. Pour laisser s’exprimer la pensée, l’envie. Toutes les vies sont possibles mais peut être seulement en pensée.
